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A Guadalajara, les riverains investissent une décharge sauvage à ciel ouvert, pour y planter des arbres et en faire un espace de nature en ville. La peintre Priscillia Martinez s’empare d’une pratique ancrée dans l’histoire politique du Mexique, le muralisme, pour appuyer la mobilisation citoyenne.
Dessiner la ville du futur, préserver la biodiversité
Vaste territoire et écosystèmes variés, le Mexique est l’un des 17 pays les plus riches de la planète en termes de biodiversité. Face aux menaces multiples qui pèsent sur son patrimoine naturel, il est nécessaire d’agir à des échelles diverses, du global au local. Guadalajara, capitale de l’État de Jalisco, est la deuxième ville du pays. Ces dernières décennies, sa croissance rapide a entraîné une destruction de la biodiversité.
Dans le quartier de Tlaquepaque, lors du confinement lié à la pandémie de Covid, des riverains se mobilisent collectivement pour investir un terrain vague, décharge sauvage à ciel ouvert, et s’opposent à la volonté des pouvoirs publics d’y installer une casse automobile. Ils déblayent le terrain, et entreprennent d’y planter des arbres. C’est dans ce contexte que le fonds Metis, en partenariat avec l’État de Jalisco et plus spécifiquement son ministère en charge de l’environnement, invite une artiste native de la ville à s’installer dans le quartier, lier connaissance avec les habitants et à peindre une fresque sur le mur adjacent à cet espace en friche.
de la biodiversité mondiale abritée au Mexique
hectares de friche sanctuarisés en espace de nature à Guadalajara
personnes mobilisées
Engagée en faveur de l’art comme vecteur de changement social, Priscilia Martinez s’empare d’une pratique ancrée dans la tradition mexicaine, le muralisme. Né dans le Mexique révolutionnaire des années 1920, alors qu’une majorité de la population est analphabète, c’est un art politique, accessible à tous, qui cherche à rassembler autour de références communes via des fresques peintes dans des lieux publics. Après ses études à l’Institut national des Beaux-Arts de Mexico, Priscilia Martinez voyage aux États-Unis, au Maroc, en France, en Bosnie. Au fil de son voyage, elle peint des fresques, puisant son inspiration dans les échanges avec les habitants.
Avec le fonds Metis, pour ce projet mené dans sa ville natale, Priscillia s’investi pendant plusieurs mois : « les riverains m’ont beaucoup appris sur la biodiversité et l’environnement, et moi, je crois que je peux leur apprendre sur l’art et la culture. Nous avons construit une relation très forte pendant toute la réalisation du projet – et je pense que cela va durer pour toujours ».
Un médiateur social anime les échanges avec les habitants, et des ateliers sont menés avec des biologistes, portant sur la reconnaissance de la faune et de la flore urbaine, sur la remise en nature de papillons monarques, sur la pollinisation. La fresque de Priscilla, monumentale, évoque tous ces échanges – les visages des riverains, les façades des maisons se mêlent aux aras rouges et aux fleurs sauvages – et témoigne de l’initiative citoyenne pour transformer le terrain vague en espace de nature en ville.
Le projet permet, au cœur d’un territoire sujet aux tensions, d’ouvrir le dialogue entre riverains et pouvoirs publics. La fresque renforce la mobilisation citoyenne, en même temps qu’elle en témoigne, et participe de la sanctuarisation de l’espace en friche. Son dévoilement mobilise de nombreux décideurs locaux, dont le gouverneur de l’État de Jalisco, qui promulgue officiellement l’espace en parc urbain, en accord avec les revendications des riverains.
Une exposition rétrospective a été présentée au sein de l’ambassade de France, puis à l’Université de Mexico, qui a dans le même temps organisé un dialogue sur la construction d’un commun urbain.