Mozambique | 2023 | Sculpture

Eléphant Yao

Au Mozambique, les villageois de la réserve de Niassa modèlent une sculpture d’éléphant à partir d’anciens pièges de braconnage pour faire évoluer les imaginaires populaires sur la faune sauvage.

01 - Pas de pauvreté05 - Égalité entre les sexes15 - Vie terrestre

Eléphant Yao

Protéger les géants

Au nord du Mozambique, la réserve nationale de Niassa, la plus vaste aire protégée du pays, avec ses 42 000 km2, est l’une des dernières régions sauvages préservées du continent. Mais entre 2011 et 2017, la réserve a déploré d’importants problèmes de braconnage, liés à la demande croissante d’ivoire. En 2017, 129 pachydermes ont été tués à Niassa – et en l’espace de 5 ans, la population a chuté de 12 000 à 3500 individus.

Pour les 60 000 personnes qui vivent dans les quelques dizaines de villages situés dans la réserve, les emplois sont rares. L’interdiction de la chasse et les dégâts causés sur les cultures peuvent entrainer des conflits entre hommes et faune sauvage. Les activités forestières et minières illicites et le changement climatique sont aussi une menace pour les animaux.

Depuis 2018, une stratégie coordonnée de lutte contre le braconnage a été mise en œuvre, et depuis, aucune tuerie d’éléphant n’est à déplorer.

Artiste
Jules Pennel et collectif Yao Crochet
Partenaires
Administration nationale des aires de conservation (ANAC), ONG Wildlife conservation international (WCS)
Participants
Habitants de la réserve de Niassa
Agence
AFD Mozambique

Faire bouger les imaginaires

000

éléphants ont été tués dans la réserve de Niassa en 2017

0000

Entre 2013 et 2018, la population d’éléphants a chuté de 12 000 à 3500 individus à Niassa

0000

personnes ont vu la sculpture, dans tout le pays

Pour célébrer les cinq années sans braconnage, et faire évoluer les imaginaires populaires sur la faune sauvage, tout en encourageant l’emploi des populations, la biologiste Paula Ferro, déjà à l’initiative du collectif de femmes de Niassa Yao Crochet, et Derek Littelton gestionnaire d’une concession au sein de la réserve et sculpteur, ont imaginé un projet ambitieux. Il s’agit de fabriquer collectivement une sculpture monumentale, représentant un éléphant grandeur nature, dont l’armature sera modelée à partir d’anciens pièges de braconnage.

Après avoir fabriqué un prototype de 2 mètres de hauteur, le jeune sculpteur français Jules Pennel mène un travail de co-création avec cinq membres du collectif Yao crochet – Josina, Matola, Norte, Cecilia et Roques – qu’il forme au travail du métal. Ensemble, ils fabriquent la sculpture grandeur nature, dont la peau est composée de patchworks de laine crochetés par les femmes du collectif Yao Crochet.

Le prototype « Papa Manhure » a voyagé entre Niassa et Maputo, et a été vu par plus de 5000 personnes. Papa Manhure a été présenté en juillet 2023 lors d’un congrès environnemental international dans la capitale. Filipe Nyusi, président de la République frappé par cette œuvre, a encouragé son pays à poursuivre ses efforts en matière de biodiversité.

 

Jules Pennel, artiste

« Ils ont entre 17 et 48 ans. Ils s’appellent frères et sœurs. La plupart d’entre eux ne sont jamais sortis de la réserve. Ils connaissent les guerres, les maladies, les cyclones et les sécheresses. Depuis trois mois, je forme Josina, Matola, Norte, Cecilia et Roques au travail de l’acier. Il s’agit de leur premier emploi formel. Je vous mentirais si je vous disais que c’est facile. Je ne compte plus les moments de colère, de fatigue, d’incompréhension, de joie. Cette histoire d’éléphant, c’est avant tout une rencontre. Et quelle rencontre ! »

Jules Pennel, artiste

Explorer aussi…

Pérou, Europe | 2021 | Conte & peinture

Ojo Verde