Restons en contact !
L’actualité du Fonds Metis, directement dans votre mail !
La chorégraphe Irène Tassembédo imagine des spectacles inopinés dans l’espace public pour surprendre les passants dans leur vie de tous les jours, susciter l’émotion, et parfois, les entraîner dans la danse.
La danse – inattendue
Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, est passée en moins de dix ans de 1,5 million à plus de 2 millions d’habitants.
Entre croissance démographique et exode massif des jeunes ruraux, la ville de pourrait atteindre 6 millions d’habitants en 2030. Ce processus d’urbanisation, avec une croissance démographique et spatiale extrêmement rapide, entraine de multiples défis de développement. La croissance de la ville s’accompagne de précarité, de difficulté d’accès à l’emploi, à un logement décent, et aux services de base. La précarité et les inégalités engendrent des phénomènes d’intolérance et de repli sur soi, qui exacerbent l’insécurité et les risques de crise sociale et sont des freins à tout développement.
En parallèle, la pratique de la danse, pourtant au cœur de la culture burkinabé, dans ses formes traditionnelles comme dans la création contemporaine la plus exigeante, décline depuis plusieurs années.
A Ouagadougou l’adoption de nouveaux modes de vie réduit le temps consacré à la danse traditionnelle, et les pressions religieuses et sociales laissent place à des formes d’expression moins démonstratives. La dégradation du contexte sécuritaire, la menace terroriste, et le manque d’infrastructures – espaces de formation, de création ou de diffusion – mettent à mal la possibilité d’assurer une éducation artistique et un accès à la culture pour tous. La danse n’est plus une priorité pour les pouvoirs publics ni pour la population. Elle est pourtant un vecteur puissant de rencontre et de cohésion sociale, à favoriser dans ce contexte de développement urbain.
habitants des quartiers précaires formées à la danse
représentations
spectateurs
La danseuse et chorégraphe burkinabè Irène Tassembédo est une figure majeure de la danse contemporaine africaine. Formée à la chorégraphie entre 1977 et 1980 à l’école Mudra-Afrique de Maurice Béjart, elle s’est taillé un parcours singulier qui va de la création chorégraphique au théâtre contemporain – elle collabore régulièrement avec Matthias Langhoff. C’est aussi une enseignante passionnée, férue de transmission : « la danse pour moi, c’est un engagement, c’est un partage, c’est un échange de savoirs ».
Avec Metis, elle imagine des spectacles inopinés dans l’espace public : à Ouagadougou, les rues, les places de marchés, les gares routières, les champs de panneaux solaires sont investis pour des interventions chorégraphiques déambulatoires et tout-terrain. L’ambition : surprendre les passants dans leur vie de tous les jours, pour capter leur attention, susciter l’émotion – et, parfois, les entraîner dans la danse.
Pendant plusieurs semaines, Irène Tassembédo forme cinquante danseuses 100% amateurs, habitantes des quartiers précaires de la ville. Ensemble, elles mobilisent leurs corps et leurs perceptions, partagent leurs énergies, expérimentent leur puissance d’agir par le mouvement. Ensuite, elles se produisent sur scène lors de cinq représentations au cours du Festival international de danse de Ouagadougou (FIDO).