Bénin | 2022 | Peinture & collage

Réinventer les berges lagunaires de Porto-Novo

A Porto-Novo, au Bénin, un plasticien, un comédien et une chorégraphe mobilisent la peinture, la poésie et la danse pour accompagner les enfants habitants des quartiers de la lagune à exprimer leurs liens sensibles à leur environnement.

13 - Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques14 - Vie aquatique

Réinventer les berges lagunaires de Porto-Novo

La lagune, un lieu commun

Porto-Novo, capitale administrative du Bénin, est une ville dotée d’un patrimoine naturel exceptionnel. La lagune, au pied de la ville traditionnelle, est bordée de terres humides et fertiles. Les berges lagunaires – régulatrices d’inondations, sources de biodiversité, de résilience climatique, et potentiels récréatifs – jouent un rôle important pour l’écosystème et les habitants de la ville. Écosystème fragile, ces berges subissent diverses pressions qui mettent à mal ces diverses fonctions.

Depuis 2015, la municipalité porte un plan d’aménagement des berges, baptisé « Porto-Novo, ville verte » : aménagement de voies d’accès aux berges, accompagnement d’activités génératrices de revenus (maraîchage, pisciculture), rénovation urbaine de quartiers informels, riverains de la lagune (désenclavement, drainage, arborisation).

Artiste
Rafiy Okefolahan, Zadok-Ange Hounkpatin, Maud Chabrol
Partenaires
La Grande Place, ONG Grabes Bénin, huit écoles de Porto-Novo
Participants
325 enfants, et leurs famille
Agence
AFD Benin

Danser, dessiner, imaginer les berges lagunaires

8

écoles et 325 écoliers mobilisés

7

mois de pratique artistique

+200

d’espèces végétales – dont des espèces en voie disparition – sont abritées par la lagune

Rafiy Okefolahan est un artiste peintre né en 1979 à Porto-Novo, formé à l’École Nationale des Arts de Dakar. Sa démarche porte sur la dénonciation de la course à la modernité : « Je souhaite mettre en évidence les conséquences néfastes de la quête inconsidérée de progrès : les inégalités, le changement climatique, la montée de l’individualisme, la disparition progressive des traditions africaines qui forgeaient une identité propre à mon peuple ». Très investi dans le développement culturel de son pays, Rafiy a créé en 2008 l’association Elowa, pour stimuler la création artistique et favoriser les rencontres entre artistes, public et opérateurs culturels.

Rafiy Okefolahan propose aux enfants d’appréhender leur environnement au travers les arts plastiques, l’écriture et la danse, en collaboration avec huit écoles des quartiers des berges lagunaires.

L’ONG environnementale Grabe organise des ateliers pour faire découvrir les berges aux enfants, et leur permettre de ressentir les liens qu’ils entretiennent avec cet écosystème.

Lors des ateliers d’arts plastiques menés par Rafiy Okefolahan, ils se connectent à la matière. Ils se mettent en mouvement, et mobilisent leur corps et leur énergie avec la chorégraphe française Maud Chabrol. Le comédien béninois Zadok-Ange Hounkpatin les accompagne lors d’ateliers écriture et de déclamation, ils cultivent la prise de parole et l’oralité.

Après sept mois de pratique artistique, les enfants se livrent, sur la base de leurs propres récits, à un concours d’éloquence lors d’une représentation publique. La manifestation est suivie du vernissage de l’exposition de l’installation que Rafiy Okefolahan a réalisée à partir de l’ensemble des peintures des enfants. Cette exposition, qui se tient au centre culturel de Porto-Novo, la Grande Place, est massivement visitée par les parents des écoliers. Le concours d’éloquence est filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, pour que l’initiative continue d’essaimer après son achèvement.

A travers le mouvement, la créativité et l’imagination, les 325 enfants se sont imprégnés de la réalité de leur environnement, et ont fait partager à leurs proches leurs nouvelles perceptions.

Frida Fassinou Langanfin, institutrice

« Les enfants ont pu exprimer le talent qu’ils ont en eux »

Frida Fassinou Langanfin, institutrice

Rafiy Okefolahan, artiste peintre

« Grâce à ce projet, on n’est plus seulement spectateur, on ne regarde pas le changement venir des autres, mais on contribue à ce changement, et on y contribue à travers l’art. Travailler avec les enfants m’a bouleversé. J’ai vu le concret, j’ai vu que c’était utile pour eux. Les enfants ont pu toucher du doigt un sujet qui les touche, et ils me l’ont rendu de manière innocente. Je me sens immensément fier de ce qu’ils ont réalisé. Les gens à qui on ne donne pas la parole ont quand même des choses à dire ! »

Rafiy Okefolahan, artiste peintre

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