Haïti | 2021 | Théâtre

Au cœur de la mémoire

En Haïti, Gaëlle Bien-Aimé mobilise la scène théâtrale comme espace de partage et d’écoute, pour accompagner les adolescents à dire leurs ressentis face à la violence – et devenir acteurs de paix.

04 - Éducation de qualité10 - Inégalités réduites16 - Paix, justice et institutions efficaces

Au cœur de la mémoire

Haïti, les enfants face à la violence

En Haïti, l’escalade de violence sur fond d’instabilité politique et institutionnelle conduit à un climat d’insécurité généralisée, qui entrave tout développement. Le quotidien des Haïtiens, et particulièrement celui des habitants de Port-au-Prince, en est profondément affecté. Parmi eux, les jeunes sont très fragilisés, et leur vulnérabilité est encore aggravée par le manque de soutien familial et de structures d’encadrement.

L’absence d’opportunités économiques crée un terreau fertile pour leur recrutement par les groupes armés, les entraînant dans un cercle vicieux d’instabilité et de violence. La violence entrave les jeunes dans leur individualité, elle affecte aussi leur vie collective, les privant ainsi des interactions sociales essentielles à leur développement personnel.

Artiste
Gaëlle Bien-Aimé, Amos César, David Duverseau, Kenny Laguerre, Emmanuela N. Bazile
Partenaires
École d’art dramatique Acte, école Edmé, collège Saint-Martial, lycée Marie-Jeanne, Institut français en Haïti
Participants
100 enfants et adolescents âgés de 12 à 15 ans
Agence
AFD Haïti

Libérer la parole : le théâtre comme exutoire

+ 4700

victimes d’homicide recensées en Haïti en 2023

100

élèves de 3 écoles ont créé collectivement une pièce de théâtre

180

spectateurs

Née en 1987 à Port-au-Prince, Gaëlle Bien-Aimé est actrice et metteuse en scène, humoriste et activiste politique. Formée au Canada et en Europe, où elle a été conviée à plusieurs résidences d’écriture, elle travaille notamment sur les violences sexistes.

Avec Metis, et en lien avec trois écoles de Port au Prince, Gaëlle Bien-Aimé écrit et met en scène une pièce de théâtre en collaboration avec un groupe d’enfants et adolescents de Port-au-Prince : « ce projet peut apporter un éclairage sur les ressentis des jeunes. Je pense que l’on ne se demande pas comment vont les jeunes de ce pays ». Des ateliers d’écriture et de pratique théâtrale sont animés par des comédiens et professeurs d’art dramatique. Ils permettent la création collective de la pièce originale Au cœur de la mémoire. Une centaine d’élèves participent au projet,et se saisissent du théâtre comme d’un moyen d’expression, « un espace pour dire et apprendre des choses ». Au cours du projet, ils apprennent sur l’histoire d’Haïti – une prise de recul sur le passé qui leur permet de mieux saisir les enjeux actuels et futurs.

Basée sur leurs témoignages, la pièce donne à voir les enjeux sécuritaires auxquels les jeunes doivent faire face au quotidien. Elle restitue leurs peurs et leurs angoisses, mais aussi leurs espoirs d’un avenir plus apaisé.

Certains d’entre eux jouent aux côtés des comédiens professionnels qui interprètent la pièce. Près de 200 personnes assistent aux représentations, qui se tiennent dans les écoles où sont scolarisés les enfants, et à l’Institut français de Port-au-Prince. La captation de la pièce a été diffusée au siège de l’AFD à Paris, et est disponible en ligne.

Santerre Clyd Widmar, écolier

« Après la représentation, j’ai pu parler à mon père. Il y a des choses que je ne pouvais pas dire à mon père, je les lui ai dites. »

Santerre Clyd Widmar, écolier

Gaëlle Bien-Aimé, metteuse en scène

« Ce projet peut apporter un éclairage sur les ressentis des jeunes. Je pense que l’on ne se demande pas comment vont les jeunes de ce pays. »

Gaëlle Bien-Aimé, metteuse en scène

Gaëlle Letilly, directrice de l’AFD Haïti

« Cette pièce de théâtre constitue un exutoire pour les enfants et une ressource pour les décideurs politiques et les opérateurs de développement. Dans un contexte fragilisé comme celui de Haïti, les débats ne peuvent pas être uniquement techniques. Les mots sont forts. C’est de notre responsabilité de les écouter. »

Gaëlle Letilly, directrice de l’AFD Haïti

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